Le HUB des Prescripteurs Bas Carbone décrypte la filière des matériaux biosourcés sous l’angle de la neutralité carbone. En effet, pour atteindre les objectifs de la RE2020 en matière de stockage carbone, la construction avec les matériaux biosourcés devient inévitable. Alors, quels sont les bénéfices des matériaux biosourcés en terme de construction décarbonée ?
Contexte et enjeux
La RE2020 renforce ses exigences en matière de neutralité carbone afin d’atteindre les objectifs de la Stratégie de Neutralité Bas Carbone fixés pour 2050.
Les matériaux biosourcés font partie du panel de leviers actuellement disponibles. S’ils ont été mis en avant ces dernières années pour leur bénéfice en terme de confort d’été, ils disposent également de la capacité à stocker naturellement du carbone.
En 2021, les isolants biosourcés représentent environ 11% des parts de marché en France selon l’AICB (Association des Industriels de la Construction Biosourcée).
Les bénéfices environnementaux des biosourcés
Depuis quelques années, les matériaux biosourcés notamment le bois, sont mis en avant pour leur rôle à jouer sur l’atténuation du réchauffement climatique. Pour bien comprendre les bénéfices carbones de ces matériaux, il est nécessaire de distinguer deux effets : l’effet de séquestration et l’effet de substitution.
L’effet de séquestration
L’effet de séquestration représente le stockage biogénique incorporé au produit / matériau. Les matériaux biosourcés sont majoritairement issus de la biomasse végétale. Grâce à la photosynthèse, cette biomasse capte et stocke le carbone biogénique. Lorsque celle-ci est prélevée et transformée en matériaux biosourcés, le CO2 renfermé continue d’être stocké pendant toute la durée de vie du matériau (soit entre 50 et 100 ans en moyenne).
L’effet de substitution
Les matériaux biosourcés sont issus de procédés moins intensifs en énergie et en carbone que les produits conventionnels de construction. Leur usage permet la substitution de matériaux énergivores ou d’énergies fossiles. Le hub a mené une étude détaillée de comparaison iso-fonctionnelle sur un certain nombre de matériaux dans les catégories suivantes : cloisonnement, bardages, fenêtres, portes, revêtements de sols durs, revêtements muraux, planchers, isolants.
Les niveaux de performances médians montrent des gains potentiels à produits iso-fonctionnels déjà au-delà des niveaux SNBC 2030 (-35%) voire 2050 (-81%).
Ainsi, l’effet bénéfique le plus important des biosourcés est l’effet de substitution :
– pour la plupart des catégories de matériaux, les biosourcés sont les catégories les plus bas carbone.
– leur performance carbone est, dans la plupart des cas, alignée avec les niveaux de baisse des émissions nécessaires pour atteindre des objectifs de la SNBC.
En effet, au sein d’une catégorie de matériaux, lorsqu’on compare les matériaux biosourcés aux autres matériaux d’une même catégorie, nous observons des gains avec un ordre de grandeur général de -60% de gain carbone.
Par exemple (calculs effectués à partir de valeurs médianes de produits conventionnels pour chaque catégorie) :
– Fenêtres / portes fenêtres en bois aluminium : -26% (entre 20 et 40 kgCO2e/UF)
– Revêtements de sols durs / parquet : -44% (entre 10 et 15 kgCO2e/UF)
– Plancher/bois : -95% (entre 80 et 100 kgCO2e/UF)
– Isolants en vrac*/ouate de cellulose : -72% (entre 0,5 et 0,7 kgCO2e/UF)
*pour une résistance thermique de 1 m2.K/W.
La localité influe-t-elle sur le bénéfice carbone ?
Afin de quantifier l’impact carbone de la distance entre le lieu de production et le chantier, une étude a été menée sur des isolants (laine de bois, ouate de cellulose, paille et chanvre) et des revêtements de sol (PVC vinyle et non vinyle, linoléum, marmoléum, parquet massif ou contrecollé).
Pour les isolants :
Une distance critique à partir de laquelle le recours aux matériaux biosourcés devient contre-productif a pu être établie (en termes d’impact carbone par rapport à des matériaux dits conventionnels) :
– Laine de bois : > 900 kms
– Ouate de cellulose / paille / chanvre : > 3 400 kms
C’est la distance à partir de laquelle l’isolant biosourcé devient plus carboné sur la laine de roche (pour une laine de roche produite en moyenne à 460 kms – source FDES).
À l’échelle nationale, les matériaux biosourcés restent donc moins carbonés que leurs homologues conventionnels, quelle que soit la distance.
Avec un ordre de grandeur de -60% de gain carbone pour les matériaux biosourcés par rapport aux matériaux conventionnels d’une même catégorie et une distance à laquelle ils deviennent contre-productifs supérieure à 900 kms, le recours aux matériaux biosourcés est inévitable dans la construction décarbonée. Mais ces matériaux présentent des enjeux opérationnels qui doivent néanmoins être pris en compte dans la prescription (coût, caractéristiques techniques, disponibilité, assurabilité).
Consulter le brief complet de la filière biosourcée par le HUB des Prescripteurs Bas Carbone.
Source : Brief de filière « Biosourcés : les messages clés » publié par le HUB des prescripteurs bas carbone en 2021.